jeudi 10 juillet 2008

C'est pas nous, ne tirez pas !

Pour répondre à une interrogation récurrente (et justifiée), les DSI et T&A arrivent bel et bien. En fait, le DSI a été livré aux NMPP (notre distributeur pour les kiosques en France et dans quelques autres pays) le 4 juillet et devrait déjà être dans les kiosques.

Mais, manifestement, la CGT du Livre a mené quelques actions de grève, retardant la distribution aux kiosquiers. Désolé donc pour ce très involontaire retard !

Il arrive...

Je ne sais pas pour vous, mais à la rédaction, nous estimons que juillet n'est pas le mois idéal pour les vacances. Et, de fait, chose promise, chose due. Technologie & Armement devient DSI Technologies. La rédaction lui a déjà trouvé son petit surnom, "Dzzit" (vous savez, lorsque le courant passe ?).

Comparativement à T&A, il aura le même format, le même prix et le même nombre de pages. Alors, qu'y gagnez-vous ? Simple : nous avons évacué la version anglaise (si les Américains lisent le DSI en français qu'ils achètent en kiosque au Pentagone ou à LA, pourquoi ne feraient-ils pas de même avec DSIT ?). Votre avantage : plus de textes, plus de photos, plus de cartes, plus de graphique, plus de thématiques.

La ligne se resserre aussi sur des thématiques plus techniques, en tâchant de coller plus que ce n'était le cas à l'actualité technologique. Ou plutôt aux actualités technologiques - d'où le "technologies" au pluriel - simplement parce que les Français, les Allemands ou les Américains ne sont pas les seuls à faire dans la technologie.

Ca ne nous empêchera nullement de suivre les salons ou les exercices sur le terrain. C'est un tournant éditorial que vous aviez apprécié, d'après nos études, et bien entendu, nous continuerons. "Dzzit" a d'ailleurs été conçu pour pouvoir intégrer ce genre de choses beaucoup plus facilement que par le passé.

Vous pouvez avoir un aperçu de ce changement de ligne éditoriale dans le numéro de juillet-août de T&A : des articles plus conçis et plus techniques, avec une séquence "B-A.BA", sur la guerre biologique en l'occurrence. En somme, nous n'avons gardé que le meilleur - à commencer par un oeil critique sur les questions technologiques - et avons amélioré ce que vous désiriez qui le soit.

Pour ce qui est du DSIT de septembre-octobre, le sommaire est, comme il se doit, secret-défense. Mais si vous voulez connaître les secrets du sonar 4110 et savoir pourquoi le terme "anneau de résurgence" est aussi important pour les ASM, c'est chez nous qu'il faut passer ;o)

Tonton Mahmoud s'amuse...

...Et constate qu'il a encore un vieux stock de Shahab-3B à liquider. L'occasion pour moi de revenir sur le grand jeu sémiotique qui se joue actuellement dans le Golfe, entre les manoeuvres Grand Prophète III (où l'IRNA, l'agence de presse locale, a été peu locace sur les aspects navals, alors qu'elle relayait systématiquement tout ce qui se passait dans le Golfe les années précédentes) et les déploiements israéliens. A voir sur La Une (journal télévisé) à 19h30.

Beaucoup trop de choses à dire en 50 secondes !

Sur la nature du Djihad en Europe (3)

Thomas Renard poursuit le débat sur la nature du Djihad en Europe (il serait d'ailleurs plus exact de parler de son caractère ou de sa structure, soit de la forme qu'il prend - sa nature renvoyant me semble-t-il aux élémentaires de l'art de la guerre et cette dernière n'a fondamentalement pas changé de nature depuis, au choix, Assubanipal ou l'arme nucléaire).

Je pense effectivement qu'il y a coexistence de formes d'action de la part d'AQ et que cette dernière exploite à bon escient l'émergence du leaderless jihad voire des lonewolves. Cela renvoie parfaitement au principe (dans l'art militaire soviétique) de la corrélation des forces et, plus largement, au déploiement d'une stratégie intégrale articulant l'ensemble des dimensions de l'action, depuis le soutien (financier, etc.) jusqu'aux opérations d'influence ("récupération" politique du conflit israélo-palestinien, sites webs, etc.) en passant, bien entendu, par l'action.

De ce point de vue, j'ai effectivement été un peu limitatif en me bornant au seul aspect doctrinal. Ce qui est important, ici, c'est la combinatoire potentiellement infinie des actions. En combat conventionnel, les actions sont soit cumulatives, soit paralèles (cf. l'amiral Wylie). Elles renvoient à un ordonancement préçis afin d'obtenir un effet escompté (là, je rejoins le débat d'Olivier et de François sur la nature du centre de gravité en conflit irrégulier/asymétrique - attendez-moi, j'arrive !).

Or, le propre d'AQ est de rechercher des effets durables en situation d'infériorité "matérielle" (hommes, équipements) face à l'ennemi (nous). Pour ce faire, il va exploiter le temps long mais aussi surfer sur les effets induits d'une stratégie que nous pourrions qualifier de déstructurée sur la forme mais de structurée sur le fond. La théorie classique du terrorisme s'adapte ici parfaitement : faire jouer l'effet de surprise à fond en "insécurisant" des sociétés vulnérables par leur ancrage technicien (j'aurai plus à dire bientôt, en fonction notamment de mon nouvel ouvrage). L'objectif ne doit pas être atteint dans le temps court - conception chronostratégique très occidentale - mais jouera nécessairement dans le temps long : on ne fait pas s'effondrer nos sociétés ainsi : elles ont leur propre résilience.

Pour un Naji, indiquer qu'il ne faut pas attendre un "feu vert" d'AQ renvoie à l'exploitation maximale de ces effets tout en maximisant la sécurité des leaders d'AQ (renvoi au principe de sûreté). En fait, à ce stade se pose une autre question : celle de la frontière entre "terrorisme" et "insurrection", impliquant en l'occurrence des opérations ultra-distribuées, paradoxalement occidentalisées (i.e. exploitant les tendances individualistes des lonewolves potentiels). La question, ici, n'est pas celle de l'efficacité des actions au sens conventionnel du terme, soit atteindre la cible et la détruire.

Plutôt, l'efficacité des "méso-opérations" est effectivement et tu as tout à fait raison, dans la génération de psychose (pour renforcer les appareils sécuritaires et délégitimer les régimes politiques occidentaux aux yeux de leurs propres citoyens ?) et, plus important encore pour la réussite des "hyper-opérations" dans la dispersion des moyens des services occidentaux. Si les "méso-opérations" rapportent des effets induits en termes de destruction, c'est en outre "ça de pris". En gros et pour caricaturer, Naji nous fait une "clé de bras" stratégique : quel que soit le mouvement que nous faisons, nous sommes bloqués.

La seule option va demander (comme pour se sortir d'une clé de bras) un gros effort : face à un leaderless Jihad "optimal", le renforcement perpétuel de nos services n'est pas vraiment une option. Leur culture même limite la collaboration entre eux (qui est nécessaire : un "méga-service ne donnerait qu'un son de cloche sur des matières nécessitant de la nuance) et leur lourdeur risque de les faire s'effondrer sur eux-mêmes. Le renforcement des dispositifs légaux (lois "anti-terroristes") est politiquement attractif mais n'est qu'un leurre : ce n'est pas la loi qui empêche les actes d'êtres commis.

Non, plutôt, la seule solution réside dans le développement, de notre côté d'une combinatoire stratégique équivalente à celle de l'adversaire. Outre la reconnaissance du problème - en Belgique, au plan politique, elle a mis des années, exploitées à bon escient par l'adversaire - elle implique la mise en place d'un véritable tissu de sécurisation et, par dessous tout, l'acceptation du fait que nous pouvons encaisser des pertes - civiles naturellement. Il faut nous réorganiser d'urgence (on ne va pas faire la liste des problèmes). Un plan anti-radicalisation ou une loi sur les armes, de ces points de vues ne sont que des pièces de puzzle, sans plus. Il nous manque juste 60 % des autres pièces et des secteurs entiers sont laissés en friche. Ne parlons que de la réforme des services incendie, par exemple...

mardi 8 juillet 2008

Carl von C., toujours en forme

Carl ne résiste pas à l'idée de voir la diffusion de sa dernière chronique - et je lui dois bien ce petit plaisir. Et comme il était inquiet à l'idée de lui aussi se voir poursuivi par la DPSD - sa dernière phrase est sans équivoque - je l'ai rassuré : en France comme en Belgique, le droit de la presse est tel que, sauf mort d'homme, elle a le droit de ne pas divulguer ses sources. Mon cher Carl, vous êtes donc protégé. Et puis, entre-nous, je n'imagine pas un instant que l'on puisse fouiller (à distance ou pas) dans l'ordinateur d'un journaliste dont l'un des auteurs a dit si peu de choses : vous imaginez le scandale ?

***

Sabotage(s) !

Tous les ans à la même époque, c’est la même chose : de jolis formulaires débarquent dans nos boîtes aux lettres pour nous faire larmoyer sur le niveau des impôts. Cette année, en prime, nous sommes gâtés : nous avons un Livre Blanc pour nous permettre de larmoyer encore plus. Selon le mot d’un de mes amis, nous aurions donc inventé, après les frégates furtives, la puissance furtive. On pressent d’ici la longue cohorte des regrets et des déposes de couronnes à nos armées chéries, dépiautées au champ d’honneur de la politique, victimes sans doute d’arbitrages effectués au profit de la chasse au poulet à la dioxine et de l’admiration béate pour un concept de sécurité globale qui l’est tellement qu’elle dissout toute nécessité de défense. Certains y verront un sabotage. Honnêtement, je ne suis pas loin de le penser aussi, en particulier à l’heure où le SIPRI nous (ré-)apprend que les dépenses de défense ont augmenté de 7% en 2007 et qu’en 10 ans, elles ont progressé de 45%. Les armées sont des machines complexes, les grains de sable leur posent autant problème que les réductions budgétaires et les réformes où la stratégie est faite pour répondre aux moyens plutôt que l’inverse. En clair, dans la course à la puissance, il faudra qu’on passe la postcombustion du mode « système D » (qui a dit qu’on a déjà cannibalisé les injecteurs ?).

Mais, Carl vous le dit mes amis, ce premier sabotage en cache un second. Celui des conservateurs. Les mêmes qui vociféraient il y a un an contre toute réflexion envisageant un futur sans « modèle 2015 » alors qu’il était évident que les finances ne le permettraient pas. Et que l’Elysée, préférant décidément les poulets sains aux kakis mûrs (les fruits, c’est pourtant si important), n’avait aucune intention de faire supporter le poids de la Gendarmerie à l’Intérieur. Je pense aussi à ceux qui ont hurlé au loup lorsque certains indiquaient que la technologie finirait par faire s’effondrer la défense française sous le poids de ses propres commandes. Et puis, il faut avouer les choses comme elles sont : la multitude de « guerre des boutons » (entre les armées et en leur sein) a anesthésié la réflexion plus qu’elle ne l’a nourrie. Dans une certaine mesure, ces guerres inutiles ont même limité le peu de liberté d’expression que les militaires avaient. Lorsqu’on a ce qui s’apparente à un bled afghan sous le feu à trois bureaux du sien, ça n’incite pas à dégainer la bonne idée que l’on tenait en réserve.

Pourtant, des bonnes idées, il va nous en falloir. Il est temps de signer la paix des braves boutons, de resserrer les rangs et de faire fumer les cafetières. Il ne nous manquerait plus qu’avoir à subir le plus terrible des sabotages, celui des bras croisés annonçant la débandade et le ravalement définitif de la France à la non-puissance, celui du règne des grincheux que les coups portés auraient échaudés (pauvres petits). Il est temps aussi de remettre en question nos tabous. Il nous faut réapprendre que le Grand Charles, après s’être par deux fois retourné dans sa tombe ces dernier temps, avait lui-même osé faire sauter en son temps une série de tabous… et pas à la clé Allen. Votre vieux Carl, après avoir déjeuné quelque fois avec lui à la cantine de notre cher paradis où les nuages sont de cordite, n’a pas toujours été d’accord avec lui. Mais je crois qu’on peut lui reconnaître les deux premières qualités d’un soldat : il savait autant se mettre en péril devant les idées préconçues que devant l’ennemi. Et ça, mes amis, en ces temps de budgets grignotés (quoiqu’on puisse en dire), ça n’a pas de prix. Carl.

PS : Vive Surcouf !

Je ne résiste pas...

A mettre en exergue une phrase issue du commentaire de Welf, sur mon précédent post :

"C’est fou ce que la Banque Fukuyama a distribué de chèques dividendes de la paix en bois. Ce brave homme avait du investir dans les subprimes de l’Histoire…"

Très savoureux, excellent !

Blub-blub : la Royal Navy serait-elle en train de couler ?

Au maximum de sa puissance, la RN disposait de plus de bâtiments que les 7 marines la suivant en ordre de puissance réunies.

Aujourd'hui, elle ne dipose plus que de 6 destroyers, 14 frégates et 6 SNA immédiatement opérationnels. Le reliquat est en carénage ou... est bloqué au port, faute de crédits pour le carburant ou d'équipages.

Estimation de Whitehall pour remettre tout cela en ordre : entre 6 et 18 mois.

Premier vol automatisé pour l'AVE-D

Le démonstrateur de drone de combat furtif AVE-D a effectué un vol totalement autonome, enchaînant automatiquement roulage depuis le point de parking, alignement, décollage, évolutions en vol, atterrissage (ici en photo, copyright Dassault Aviation/M. Bonnaire), freinage et roulage de retour au parking.

Ce vol de l'AVE-D constitue une première pour Dassault Aviation et constitue un jalon dans le développement d'une technologie essentielle au bon déroulement du programme européen nEUROn. Les AVE (Aéronefs de Validation Expérimentale) sont une famille d'avions de taille réduite, sans pilote, développée par Dassault et permettant d'expérimenter en vol de nouvelles avancées technologiques.

L’AVE-D pour « Discrétion », a effectué son premier vol au mois de juillet 2000. Il a été le premier drone furtif à voler en Europe.Une étape supplémentaire dans cette voie a consisté en la suppression de ses dérives de l'avion, améliorant ainsi sa discrétion.

Cette formule aérodynamique a conduit à l’AVE-C (C pour « contrôle »), un avion instable dont le contrôle est plus délicat. Il a réalisé avec succès son premier vol en juin 2003.

lundi 7 juillet 2008

Internationalisation plus marquée pour les Red Flag

Le prochain Red Flag, qui se déroulera du 9 au 28 août, sera particulièrement focalisé sur les opérations en coalition. En plus de la présence de Rafale de l’Armée de l’Air, l’exercice permettra d’accueillir des F-15K sud-coréens mais aussi une présence indienne marquée : 8 Su-30MKI, 2 Il-78 de ravitaillement en vol, un Il-76 de transport et des membres du Garud, l’unité de forces spéciales de l’Indian Air Force. Le contingent passera également par Mont de Marsan en juillet.